Engagement sociopolitique

sur le plan international à partir d'expériences acquises en Haïti :

Pour développer les buts et les objectifs de l'engagement de notre Fondation en Haïti, nous devions d'abord analyser les problèmes à Haïti, ensemble, avec les Haïtiens, les comprendre et ensuite chercher, si possible, des approches pour les résoudre. C'est ainsi que sont nées deux initiatives, deux propositions de résolution de problèmes en Haïti même, mais aussi au delà d'Haïti, ailleurs dans le monde.

Les problèmes les plus évidents à Haïti sont la pauvreté et l'exploitation des Haïtiens (principalement par les Haïtiens eux-mêmes). Ceci est dû à une instabilité politique, une mentalité égoïste d'une petite élite et une éducation misérable. Il n'y a pas de solution simple ni de remède provenant uniquement de l'extérieur. Pourtant il est certain, que les aides étrangères, privées et publiques, devraient être plus transparentes, mieux orientées vers la population et mieux harmonisées pour permettre des interventions plus souples, plus efficaces afin de limiter la corruption et le mauvais emploi de l'argent à Haïti.

En Haïti même, le manque d'énergie est un problème spécialement sérieux au niveau national. Les dernières réserves de bois et de charbon sont utilisées pour faire bouillir de l'eau sale et pour faire la cuisine. Des petits fours à économie d'énergie méritent d'être mieux connus depuis qu'une NGO a essayé de les introduire mais les fours à 3 pierres qui gaspillent énormément d'énergie continuent à être utilisés. Pourquoi ? - Les adultes (non seulement en Haïti) ne changent pas facilement leurs habitudes - surtout s'ils n'ont jamais appris à apprendre quand ils étaient jeunes.

Cela illustre un autre problème majeur à Haïti : Le système éducatif est non seulement insuffisant en quantité mais de piètre qualité. On n'apprend pas à penser mais seulement à mémoriser. De nombreux Haïtiens ont un potentiel énorme de créativité. Avec un apprentissage précoce de l'esprit pour encourager et " libérer " la créativité (à ne pas confondre avec une accumulation de savoir inutile) - et avec de l'aide mieux orientée vers les vraies besoins à la base (comme avec des systèmes de micro-financement), Haïti pourrait sortir lentement de la misère.

C'est notre conviction de base, conviction renforcée au fur et à mesure du travail de la Fondation-Peter-Hesse à Haïti. Mais mêmes les habitudes des adultes de l'extérieur ne changeant pas facilement. Pour ceux qui ont l'intention ou le devoir d'apporter de l'aide pour Haïti de l'extérieur il est bien plus facile d'importer des solutions venant du " haut " et de l'extérieur. Mais pour être accepté et intégré dans la pratique du pays, le changement doit venir du " bas ", de la base - assisté par des conditions politiques " en haut " qui sont favorables au développement. Des initiatives à petite échelle, prises à la base, se révèlent plus efficaces que de grands investissements, très souvent mal utilisés et source de corruption.

En voyant comment des petits investissements, permettant de " s'aider soi-même ", d'apprendre à apprendre, peuvent s'avérer efficaces, je me demandais pourquoi l'argent public (au moins celui provenant de mon pays l'Allemagne) ne pourrait pas être réparti en petites quantités et distribué pour des aides à la base. Je me posais aussi la question, pourquoi l'Allemagne ne finançait pas de projets pour une éducation de base à la base - donc, pour exemple, des écoles préscolaires pour rendre les écoles primaires de l'état plus efficaces dans les pays émergents. Par contre l'Allemagne n'avait aucun problème en finançant l'éducation supérieure quand des chefs d'État demandaient un tel financement pour leurs propres enfants et pour les petits groupements des " élites ".

Nous voici arrivés aux sujets de mon engagement pour Haïti et au delà dans le monde en développement.

Les raisons sont devenues claires. Les faiblesses de notre politique de développement en Allemagne se sont révélées par notre expérience sur le terrain :

  1. Pas de micro-financemet, parce que l'administration centrale en Allemagne coûte trop cher,
  2. Pas d'éducation à la base (et certainement aucun aide au préscolaire), parce que l'on considère que c'est du devoir de chaque pays respectif, ce qui est justifié " en principe ", mais n'aide pas à résoudre le problème.

1.  Le micro-financement  - sous forme de petits dons et non de crédit, car les systèmes de micro-crédit, en principe les meilleures formes de micro-financement, demandent une structure encore plus sophistiquée pour fonctionner comme il faut. Un système de micro-dons avec des fonds publics - simple et efficace - a néscessité 6 ans de politique de développement en Allemagne pour être accepté officiellement. Le succès du système de micro-crédit introduit au Bangladesh par Prof. Yunus et la banque Grameen (certainement le système supérieur, dans la majorité des cas, sous condition qu'une structure sur place soit capable de l'introduire correctement) n'a pas contribué à accélérer la procédure pour au moins permettre des petits dons, clairement supérieur pour co-financer des initiatives de base. - Mais finalement c'est quand-même devenu possible - et très utile.

J'avais vu à Haïti des volontaires du développement allemand apporter une aide efficace, petit à petit, avec des petits fonds privés rassemblés par des collectivités locales en Allemagne. D'autres fonds de moindre taille provenant du Ministère des Affaires Etrangères et non pas du Ministère du développement, qui sont gérés par les Ambassades de l'Allemagne, m'ont servi comme modèle. Avant de réussir avec ce programme, une somme d'argent " officielle " inférieure à 20.000 DM était trop chère à gérer pour la bureaucratie responsable en Allemagne. Pourtant une somme supérieure aurait souvent tué toute initiative à la base en Haïti.

C'est pourquoi j'ai essayé en Allemagne de trouver une solution au problème administratif. Débloquer des fonds publics de faible importance pour soutenir des projets de base et les investir avec l'aide des professionnels du développement, avec beaucoup moins de bureaucratie, était la solution évidente. Faire confiance aux " volontaires professionnels " allemands qui travaillent sur le terrain était la clé principale - mais pas acceptable par la bureaucratie au départ.

Après quatre ans de discussions formelles et informelles, le ministère du développement a finalement accepté en 1988 de financer un projet de deux ans dans quatre pays (trois en Afrique et un aux Caraïbes). J'ai visité les quatre pays moi-même. Le système fonctionnait très bien dès le début et fut utilisé j'jusqu'à 2013 dans plus de quarante pays. - Il faut ajouter que ce système n'étrait pas conçu pour remplacer les micro-credits, mais pour s'ajouter aux " instruments utiles " d'un développement " d'en bas ". Une administration Allemande aveugle pour ce qui fonctionne avait pourtant décidé en 2012 de réorganiser les systèmes ministérielles d'assistance aux petits projets.

2. Concernant le problème n° 2 du développement efficace, le  Financement de l'éducation de base  (préscolaire et primaire), il a fallu seulement un an pour trouver une solution à ce problème, bien que la structure du gouvernement Allemand nécessite une décision à un niveau plus élevé pour résoudre ce problème. Etrangement, cela a été moins compliqué d'obtenir de la part du Parlement Fédéral un vote pour une nouvelle priorité de développement pour une éducation de base que de convaincre l'administration pour permettre et pour maintenir une nouvelle structure de financement.

Ensemble avec l'aide d'un journaliste et d'un spécialiste de l'Education, nous avons rassemblé 18 autres personnes connues dans le monde de l'Education. Avec nos 21 signatures sous un simple appel au gouvernement, nous avons obtenu une audience auprès de la commission responsable du Parlement Fédéral. Le 30 Octobre 1990 ce Parlement a ensuite passé un vote presque unanime pour cette nouvelle priorité dans la conception allemande pour le développement.

Cela prouve que des améliorations des structures et priorités étatiques sont parfois possibles avec des bons arguments, avec une insistance ferme, claire - et en douceur.

Peter Hesse